ACTU.FR : LOT. LES PREMIERS VÉHICULES AUTONOMES DE TRANSPORT DE MARCHANDISES VIENNENT DE CAHORS

La Société TwinswHeel, filiale de la Soben installée à Cahors dans le Lot, développe les premiers robots intelligents de transport de marchandises, en test à Montpellier.

C’est déjà demain. L‘intelligence artificielle prend une part de plus en plus grande pour seconder les activités humaines, que ce soit dans les activités commerciales et industrielles comme dans la vie quotidienne. Très bientôt, il ne sera pas rare de croiser des robots intelligents, dénommés robots autonomes terrestres ou droïdes, au design bien éloigné de R2D2, livrer des colis dans les rues des villes ou aider les salariés dans les usines. À Cahors, la société TwinswHeel, filiale de la Soben, a déjà un pied dans l’avenir et développe cette technologie de véhicule autonome terrestre dans son usine à Regourd.

Robot transporteur autonome

Benjamin Talon et son frère Vincent Talon se sont lancés dans l’aventure en 2016. « L’idée de créer un véhicule autonome terrestre vient de nos propres besoins » explique Benjamin Talon, dirigeant de l’entreprise Soben à Cahors. Pour les activités de sa société de fabrication d’amortisseurs pour les voitures, les avions et les véhicules militaires, il avait besoin d’un robot transporteur de colis. Avec son frère Vincent, ingénieur en robotique et automaticien, ils décident donc d’en construire un. Leur prototype a été présenté en 2017 au CES de Las Vegas (Consumer Electronic Show*) où il a remporté un énorme succès.

« Nous étions les premiers à le faire, poursuit Benjamin Talon, même s’il y avait quelques concurrents, nous étions les plus avancés ». Peu à peu, ils ont continué à développer cette technologie, ont affiné leur savoir-faire et sont arrivés à créer des droïdes utilisés dans différentes usines dans le monde. Aujourd’hui, 6 ingénieurs travaillent pour développer ces robots autonomes, secondés par quatre apprentis.

En test à Montpellier

Leurs droïdes de transport de colis sont depuis quelques semaines en test dans les rues de la ville de Montpellier. Deux robots autonomes terrestres commencent à y circuler, un pour les transports de colis à destination de La Poste, l’autre pour achalander les commerçants du centre-ville en produits frais avec le transporteur STEF.

Ces robots intelligents perçoivent parfaitement leur environnement grâce à toute leur technologie embarquée, entre capteur laser, caméras 2D et 3D, capteurs ultrasons et capteurs infrarouges. « Cela permet de représenter l’environnement avec des systèmes redondants, souligne Benjamin Talon. Ainsi, ils voient la même chose plusieurs fois de manière différente ». Cela permet de sécuriser pleinement ces robots au sein de leur environnement en confirmant les données par différents systèmes.

À Montpellier, TwinswHeel a été la seule entreprise sélectionnée pour ce test. D’une durée de 36 mois, l’expérience permettra d’homologuer les véhicules autonomes de frêt pour qu’ils puissent circuler en France. « Pour l’instant, ce n’est que la mise en place. Ils ne tourneront vraiment qu’entre les mois de juin et août prochains » précise Benjamin Talon.

Robot capable de tenir un discours

Ces robots sont aussi capables de communiquer avec les hommes grâce à leur système d’intelligence embarquée. « Ce n’est pas du Shakespeare, mais ça permet des interactions. Le robot parle, entend, et il est capable de tenir un discours plus ou moins évolué ».

Reste que ce n’est encore qu’une expérimentation, et que l’exploitation commerciale réelle devra encore attendre quelques années.

Aide aux salariés

En attendant, la société TwinswHeel poursuit le développement de ce type de robot pour l’aide à la personne dans le secteur industriel, où leur utilisation est autorisée. Ainsi, une cinquantaine de robots tournent dans des usines partout en France et dans le monde, chez Renault, la SNCF ou Framatome en France, mais aussi Siemens en Allemagne ou encore Nissan aux États-Unis. Ces robots aident les salariés en portant à leur place des charges lourdes. Ils sont par exemple capables de suivre un employé dans l’usine… À chaque fois, les robots sont conçus à la carte, en fonction des besoins de chaque client. « L’idée est de soulager l’humain des tâches répétitives et pénibles. Cela limite le temps perdu mais aussi les risques pour les hommes. » L’intervention de l’homme reste nécessaire pour charger et décharger le robot.

Pour fabriquer chaque modèle, entre 4 et 6 mois sont nécessaires, et un robot coûte de 10 000 à 50 000 €. « Chaque modèle embarque une technologie qui coûte extrêmement cher » précise Benjamin Talon.

En attendant, TwinswHeel travaille pour rester toujours à la pointe et avec une longueur d’avance sur ses concurrents et intègre régulièrement les nouvelles technologies à ses engins.

Dans les rues de Cahors

Les Cadurciens peuvent de temps à autre voir ces robots en test dans les rues de la ville. Chaque sortie suscite étonnement et interrogations. Si parfois les réactions sont négatives, la plupart des gens restent ébahis devant ce concentré de technologie. « Il faut être bienveillant avec nos robots. Ils ne sont pas de l’intelligence artificielle, mais de la bêtise artificielle. Les gens n’ont pas besoin de prouver qu’ils sont plus intelligents que les robots, car ils le sont. S’ils veulent provoquer l’accident, ils pourront le faire. Un enfant de trois ans est plus intelligent. Ces robots ne sont pas là pour remplacer les humains, mais juste pour les aider. C’est un outil qui aide à la productivité » insiste Benjamin Talon. Lors de leurs sorties de test, les ingénieurs se font un plaisir d’expliquer aux passants le fonctionnement de leurs machines et se nourrissent des remarques des gens pour développer leurs droïdes. Pour que la cohabitation dans le futur se fasse sous les meilleurs auspices.

* Le Consumer Electronic Show est le plus important salon consacré à l’innovation technologique en électronique grand public.

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