LES ECHOS : LA LIVRAISON DE CENTRE-VILLE SE TOURNE VERS LES DROÏDES

Tiraillés entre l’augmentation des réglementations urbaines et la hausse des commandes sur internet, les acteurs de la livraisons s’efforcent de trouver des solutions pour livrer en ville. Vite et vert…

D’un côté, les collectivités limitent la circulation des véhicules de livraison dans un souci écologique. De l’autre, les livreurs veulent eux-aussi réduire leur impact sur l’environnement et l’encombrement des routes. Vice-président du conseil de surveillance du gros groupe Pomona, et président de la Confédération Française du Commerce de gros et International (CGI), Philippe Barbier observe les problèmes de stationnement que rencontrent régulièrement les chauffeurs. « Nous devons inventer, ensemble. De nouvelles aires de dépose high tech, par exemple. Les plaques d’immatriculation pourraient être lues pour suivre les transferts de charge et trouver les meilleurs moyens de les réglementer. » 

Le professionnel souligne ainsi le potentiel inexploité des nouvelles technologies en matière de gestion des flux de livraison. C’est aussi l’une des recommandations de la CCGI qui a publié le 5 novembre 2019 un rapport sur les enjeux de mobilité des marchandises dans une ville durable. Cette enquête, menée par l’IFSTTAR (Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux) préconise le partage des données. « Nous pourrions mettre en place à peu de frais des protocoles d’échange avec les communes pour comprendre l’impact de telle ou telle règle. Utilisons les nouvelles technologies pour améliorer la modélisation de l’urbanisme », recommande Laetitia Dablanc, directrice de recherche à l’IFSTTAR.

Des entrepôts proches des centres-villes

Le développement des entrepôts urbains est également recommandé. Car plus les entrepôts sont éloignés des centre-villes, plus de véhicules différents sont nécessaires. Ainsi, le service de livraison Vert chez vous, du groupe Labatut , a choisi de ne pas céder à cet éloignement forcé par la densité des villes et le prix de l’immobilier. « Tant que nous n’avons pas trouvé un entrepôt proche du centre-ville, on ne s’installe pas », tranche Jennifer Labatut-Darbas, présidente du groupe.

Vert chez vous a commencé à livrer à Toulouse en 2011. Depuis, la marque dont la flotte de camionnettes est à moitié électrique, à moitié au gaz naturel (GNV), s’est aussi implantée à Bordeaux, Paris, Lyon et Marseille. L’entrepreneuse scrute l’évolution du marché de la livraison urbaine et ressent la pression exercée par la demande du e-commerce : « Les contraintes de circulation en centre-ville augmentent. Avec des services comme la livraison en moins d’une heure d’Amazon, les consommateurs souhaitent à la fois être plus écolos et être livrés plus vite. La proximité de nos entrepôts nous aide à lutter contre ces travers de l’instantanéité », résume-t-elle.

La promesse des droïdes français

Cette instantanéité, les nouveaux droïdes développés par Valeo pour le marché chinois l’atteindraient presque. Au CES 2020 ( Consumer Electronics Show ), l’équipementier français a présenté un droïde électrique et autonome conçu pour Meituan Dianping, un des leaders de la livraison de repas en Chine. Mesurant moins d’un mètre de large et motorisé à 48 volts, le droïde emprunte les pistes cyclables. « Grâce au compartiment connecté du droïde, qui pourra être chauffé ou réfrigéré, l’opérateur peut analyser quels mets sont les plus populaires où et quand pour en prévoir la quantité nécessaire. Les clients pourraient être ainsi livrés en quelques minutes », expose Guillaume Devauchelle, vice-président en charge de l’innovation et du développement scientifique de Valeo.

L’équipementier a aussi fourni le système de propulsion électronique et les capteurs des droïdes français Twinswheel . La PME Soben, basée à Cahors, propose ces robots qui permettent aussi bien de porter ses courses pour les personnes âgées que de livrer un colis en ville. La Poste et Stef, transporteur alimentaire, les testeront prochainement à Montpellier. Autonomes, roulant à 25 km/h maximum, ils circuleront sur les voies de bus et les zones 30 pour livrer les magasins. En décembre 2019, les premiers tests techniques ont été réalisés. « Chaque route virtuelle doit être validée par quatre ministères différents pour assurer tous les niveaux de sécurité. Un employé sera alerté si une situation à risque se produit et pourra reprendre la main sur la conduite du droïde », explique Vincent Talon développeur du robot. L’entreprise attend au printemps 2020 leur dernière validation du Ministère des Transports.

lien article