LA PARISIEN : CHEZ FRANPRIX, BIENTÔT UN ROBOT LIVREUR POUR PORTER LES COURSES

L’enseigne Franprix teste actuellement dans l’un de ses magasins parisiens un petit droïde autonome capable de transporter 40 kg de produits jusqu’au domicile des clients.
Deux grandes roues entourant un caisson carré surmonté d’un gyrophare rouge. Voilà à quoi ressemble cet étrange robot livreur qui fait des allers et retours sur le trottoir, devant un magasin Franprix du 13e arrondissement de Paris, à la grande joie des enfants. Bienvenue dans une fenêtre du futur, où les personnes âgées ou handicapées pourront se faire aider par un droïde le temps de leurs courses.

Ce petit engin haut comme trois pommes, développé depuis cinq ans par la start-up TwinswHeel, n’a pas encore de nom. Mais son cofondateur, Vincent Talon, le surnomme « fast courier » (coursier rapide) ou, plus futuriste, TH03. À l’heure actuelle, il n’en existe qu’une vingtaine dans le monde, dont certains chez Renault, à la SNCF (pour porter des charges lourdes) ou encore en Allemagne chez Siemens -ils apportent des plateaux-repas dans les bureaux.

Il suit le client durant ses courses
Démonstration dans un magasin parisien de l’enseigne Franprix avec Geneviève, cliente depuis toujours, qui a accepté de servir de cobaye. Geneviève se place face au droïde pour qu’il la scanne : c’est elle qu’il devra suivre. Puis elle appuie sur le bouton « follow me » (suivez-moi) et commence à déambuler dans les allées. Et hop, du lait, elle ouvre le caisson, y dépose la bouteille et repart. Et hop, du beurre, mêmes gestes. Dès qu’elle s’arrête, TH03 s’arrête. Elle repart, il la suit, en prenant les virages sans se cogner. Il roule à l’électricité et peut porter jusqu’à 40 kg.

– Pendant les six mois que va durer ce test, deux robots seront mis à la disposition des clients pour les assister -gratuitement- dans leurs courses, puis les raccompagner chez eux, à une vitesse de 6 km/h. « Ils peuvent aider les personnes à mobilité réduite à retrouver une liberté de mouvement, à sortir plus souvent et se sociabiliser à nouveau », décrypte Jean-Paul Mochet, directeur général de Franprix.

– Le robot raccompagne les personnes chez elles après leurs courses./LP/Arnaud Journois
Mais pourquoi consacrer tant de temps aux tests ? « Il faut confronter ces robots, conçus en atelier, à la réalité. Grâce à l’intelligence artificielle, ils apprendront de leurs erreurs », explique Vincent Talon. Un exemple ? S’il y a trop de monde, le robot ne sait plus à quel utilisateur se vouer et peut changer de « partenaire » en cours de route ! Le plus gros risque aujourd’hui ? Qu’on ne le voit pas. « Mais comme il est bardé de capteurs – caméras 2D, 3D, ultrasons, infrarouges, etc. -, il s’arrête dès qu’il détecte un obstacle », rassure le cofondateur.

«Il faut que la loi autorise des expérimentations»
Quelles seront les prochaines étapes ? Ingénieurs, élus ou distributeurs… tous, ici, militent pour un changement législatif, car pour l’heure, le petit droïde, comme les voitures autonomes d’ailleurs, n’a pas le droit de circuler seul en ville. Il doit donc être accompagné par un salarié de Franprix, pour le chemin du retour. « Il faut que la loi autorise des expérimentations », réclame le maire du 13e, Jérôme Coumet, qui suit de près l’expérience.

« À terme, le champ des possibles est impressionnant », souligne Jean-Paul Mochet, de Franprix. Ainsi, un jour, le robot pourra par exemple revenir de chez les particuliers au magasin, non pas à vide mais avec des emballages à recycler.

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